Conflit israélo-palestinien : et si la France travaillait à la paix ?

le 14/10/2023

A l’heure où j’écris ces lignes, je reviens du Conseil de l’Europe où j’étais présent en tant que vice-président de la délégation française. Le Conseil de l’Europe est le réceptacle institutionnel de la Convention européenne des droits de l’homme, rédigée au lendemain de la victoire contre la barbarie nazie. Comme dans toute institution internationale, la voix de la France y est attendue, entendue et respectée. J’y ai notamment rencontré des homologues et personnalités de pays du Proche-Orient.

C’est donc depuis une position et une atmosphère particulières que j’ai observé durant une semaine l’inepte jeu politicien et médiatique qui nous est offert.

Frédéric MATHIEU prononçant un discours. En fond : le drapeau européen et le drapeau français.

Je l’écris avec force et conviction : l’instrumentalisation de la situation au Proche-Orient à des fins de politique intérieure déshonore tous ceux qui s’y livrent et bafoue le respect dû aux victimes. Comble de l’écœurement : dans les expressions des accusateurs, il n’y a pas ou trop peu de mots pour les otages qui à chaque seconde sont menacés d’être assassinés par le Hamas ou tués par une bombe israélienne.

Cette instrumentalisation abîme profondément l’image de la France. Elle contribue à importer le conflit israélo-palestinien au sein de notre société.

Sur place, un drame humanitaire de grande ampleur se prépare. L’armée israélienne a donné un ordre d’évacuation sous 24 heures qui concerne plus d’un million d’individus à Gaza. Un tel mouvement est impossible à réaliser en si peu de temps, à plus forte raison dans une zone dévastée et sous blocus.

Ce qui se déroule en ce moment doit faire revenir la France à la position d’autonomie diplomatique dans le cadre du conflit israélo-palestinien qu’elle a toujours tenue depuis de Gaulle et qui a été abandonnée par Macron.

C’est cette position qui permet l’indispensable fermeté vis-à-vis des crimes de guerre perpétrés par les deux camps et de contribuer à la construction de la paix.

C’est cette position qui au nom du respect des règles humanitaires du droit international permet d’exiger l’indispensable levée du blocus sur Gaza.

C’est cette position qui seule nous permet de travailler à la libération des otages ; tous les otages, quelle que soit leur nationalité. A l’inverse, c’est avec une grande inquiétude que je rappelle que proclamer un « soutien inconditionnel » envers l’Etat d’Israël fragilise la situation des otages.

C’est, enfin, cette position d’autonomie diplomatique qui permet de travailler à l’instauration d’une Cour pénale internationale chargée de juger tous les crimes qui relèvent de sa compétence et commis depuis 75 ans que dure ce conflit. Ici encore notre autonomie diplomatique est exigée car ni les Etats-Unis ni Israël n’ont ratifié le Statut de Rome qui institue la Cour pénale internationale.

La position diplomatique autonome que la France a patiemment construit des décennies durant n’est pas entièrement ruinée. L’alignement sur Washington et Tel-Aviv peut prendre fin maintenant. La gravité de la situation l’exige. Il reste donc encore un espace pour que la voix de la France se fasse entendre en faveur de la paix et de la protection de toutes les populations civiles. Notre énergie et notre volonté doivent être tournées vers ce seul objectif.